Mon oncle d Algérie – Nathalie Funès

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« Dans mon souvenir d’enfant mon grand-oncle Fernand Doukhan était un vieux grincheux qui semblait se battre contre des moulins à vent. Dix …

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Description

Résumé :
« Dans mon souvenir d’enfant mon grand-oncle Fernand Doukhan était un vieux grincheux qui semblait se battre contre des moulins à vent. Dix ans après sa mort cette image est venue se heurter à une notice biographique de quelques lignes sur son passé d’anarchiste en Algérie que j’ai découverte sur Internet. C’est ainsi qu’est née l’idée de ce livre.
Il venait d’une famille juive berbère comme la moitié des juifs d’Algérie sans doute installée là depuis le xie siècle. Il voit le jour à Alger en 1913. Il est le premier homme de la famille à naître français le premier à avoir un prénom qui ne soit pas hébraïque le premier à apprendre le français à l’école le premier à devenir instituteur alors que de génération en génération chez les Doukhan on était matelassier brocanteur domestique… Il va partir au front dès le début de la Seconde Guerre mondiale pour défendre le drapeau français. Il est fait prisonnier le 23 octobre 1940 envoyé pour cinq ans dans les stalags allemands alors qu’à Alger le régime de Vichy supprime le décret Crémieux retire leur nationalité aux juifs leur interdit d’enseigner. À son retour instituteur à l’École Lazerges dans le quartier de Bab el Oued il devient anarchiste commence à s’emporter contre cette France coloniale qui laisse derrière les grilles de ses écoles la majorité des enfants musulmans. Quand éclatent les premières attaques du FLN en novembre 1954 les anarchistes et les trotskistes sont les seules mouvances politiques à réclamer la fin de la colonisation française. Fernand Doukhan milite de plus en plus activement. Il s’insurge dans le journal Le Libertaire contre « la dictature française en Algérie»… Il est arrêté le 28 janvier 1957 en pleine bataille d’Alger. Parce qu’il a fait grève à l’appel du FLN. Il est à nouveau emprisonné. Cette fois-ci au camp de Lodi à une centaine de kilomètres au sud d’Alger. Là où moisissent les « Français de souche » suspectés d’être favorables aux thèses indépendantistes et où sera aussi enfermé Henri Alleg l’auteur de La Question. Le 30 mars 1958 quatre ans avant l’indépendance des militaires viennent le chercher le poussent dans un camion puis sur un bateau en direction de Marseille. Sur simple arrêt préfectoral Fernand Doukhan vient d’être expulsé d’Algérie. Il n’y retournera plus jamais.
Il est mort en 1996 à Montpellier. Sans laisser de souvenirs de correspondances de journal intime ni même d’héritiers. Ce livre a été un long voyage dans le passé à la recherche des traces qui restaient de lui en France en Algérie dans les archives auprès des témoins qui ont croisé sa route. »
Nathalie Funès
Mon grand-oncle m a longtemps fait l effet d un vieux monsieur grincheux toujours en colère contre la terre entière. Jusqu à ce que je découvre des années après sa mort par hasard sur Internet quelques lignes sur sa vie d anarchiste en Algérie. Il venait d une famille juive berbère peut-être installée là depuis l Antiquité. Ses ancêtres étaient des dhimmis sous la régence turque des indigènes sous l Empire colonial français avant que le décret Crémieux en 1870 en fasse des citoyens de la République. Fernand Doukhan voit le jour à Alger en 1913. Il est le premier homme de la famille à naître français le premier à avoir un prénom qui ne soit pas hébraïque le premier à devenir instituteur – et pas matelassier ou colporteur… Lorsque le FLN attaque dans la nuit du 1er novembre 1954 Fernand Doukhan a déjà choisi son camp : l indépendance. Il fait partie des premiers réseaux de porteurs de valises ceux des anarchistes et des trotskistes. Il est arrêté pendant la bataille d Alger enfermé dans un camp d internement près de Médéa où la France éloigne les pieds-noirs indépendantistes puis expulsé du pays. En avril 1958 des policiers le poussent sur un bateau pour Marseille. Il ne retournera jamais en Algérie. Il est mort voilà presque quinze ans. Sans laisser de lettres de journal intime d enfants. Ce livre a été un voyage dans le passé sur les traces qui restent de lui dans les endroits où il a vécu dans les archives dans les mémoires de ceux qui ont croisé sa route. Il raconte une autre histoire des Français d Algérie ..

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