Description
Résumé :
Dans cette vaste fresque l anthropologue Joanna Tokarska-Bakir étudie le préjugé antisémite en Pologne d un point de vue linguistique ethnologique et historique. Elle déconstruit le système fantasmatique qui en est la racine commune à toute l Europe chrétienne.
La première partie de l ouvrage présente un corpus de cent récits anciens (XIIIe-XVIIIe s.) qui ont nourri les croyances populaires sur plusieurs siècles. Ces légendes du sang parlent toutes de profanations d hostie d attentats contre les images saintes mais aussi d assassinats d enfants chrétiens prétendument commis par les Juifs pour se procurer le sang nécessaire à la fabrication du pain azyme. Ces légendes propagées par le clergé ont essaimé d abord en Occident puis dans les pays situés à l est de l actuelle Allemagne.
Appliquant la méthode d analyse du conte élaborée par Vladimir Propp l auteur montre comment ce type de récits a toujours exploité et manipulé une fausse violence juive pour justifier les vrais massacres chrétiens perpétrés contre les Juifs. Diabolisé le Juif imaginaire a progressivement changé de statut passant de celui de voisin à celui d ennemi absolu meurtrier « assoiffé de sang chrétien ».
La seconde partie repose sur une grande enquête de terrain récente (2005) conduite auprès de quatre cents Polonais. Cet ensemble d entretiens révèle la persistance du mythe du « meurtre rituel » : la légende fonctionne comme un savoir constitué familier et naturel un savoir incrusté dans la langue la religion les transmissions familiales et générationnelles. En 2008 on trouvait encore dans la cathédrale de Sandomierz au-dessus de l autel un tableau représentant un meurtre d enfants chrétiens par des Juifs.
Des Juifs ont été assassinés en Pologne jusqu en 1946 accusés par une foule en colère de pratiquer des meurtres rituels d enfants chrétiens. Ce livre événement remonte à la racine fantasmatique du phénomène antisémite polonais à partir d une étude minutieuse des discours et des récits qui transforment les Juifs en ennemis. Joanna Tokarska-Bakir se fonde sur un corpus de légendes anciennes encore vivaces qui relatent profanations d hostie ou enlèvements d enfants chrétiens qu elle passe au crible de l analyse linguistique pour confronter ensuite ses conclusions à une enquête de terrain.
Au cours de cette enquête conduite avec ses étudiants 400 Polonais de plus de cinquante ans ont été interrogés montrant que la légende fonctionne comme un savoir constitué familier et naturel un savoir incrusté dans la langue la religion les transmissions familiales et générationnelles les rites folkloriques etc. En 2005 on trouvait encore dans la cathédrale de Sandomierz au-dessus de l autel un tableau représentant un meurtre d enfants chrétiens par des Juifs..
Avis
Il n’y a encore aucun avis