Description
Résumé : Soixante ans après la libération des camps de concentration voici la première étude historique de grande ampleur sur le KL-Natzweiler dit «le Struthof» unique camp nazi implanté sur l actuel territoire français au coeur de l Alsace alors annexée au Reich. Avec son quotidien de faim de terreur et de mort le Struthof fut de 1941 à 1945 l un des plus meurtriers du système nazi. Construit par ses détenus sur un sommet vosgien battu par les vents il se métamorphosa peu à peu en une véritable nébuleuse qui essaima 70 camps annexes (les kommandos) de part et d autre du Rhin. Le complexe concentrationnaire du Struthof vit défiler près de 52000 détenus issus des quatre coins de l Europe: «préventifs» politiques «Nacht und Nebel» Tziganes et Juifs transformés en cobayes humains «Juifs-au-travail» arrachés aux ghettos de Pologne évacués des grands camps de l Est Derrière les incessants déplacements de cette main-d oeuvre exploitée par de nombreuses entreprises allemandes et alsaciennes et grâce à une exploration minutieuse des archives de l administration SS Robert Steegmann restitue la composition le passé et la destinée ultérieure de cette masse d esclaves sacrifiés à des chantiers insensés où plus de 40 % d entre eux laissèrent leur vie. Mené avec une rigueur exemplaire voué à devenir une référence incontestable ce travail expose l implacable mécanique concentrationnaire et donne une idée de l indicible. Robert Steegmann professeur agrégé et docteur en histoire enseigne l histoire contemporaine en classes préparatoires à Strasbourg. Auteur d un ouvrage sur les Cahiers de doléances en Basse-Alsace (1990) et de nombreux articles portant sur l histoire moderne et contemporaine et le système concentrationnaire. Il est membre du conseil scientifique du Centre européen du déporté-résistant et responsable du service éducatif du Struthof. Extrait du livre : Une comptabilité déshumanisante Il faut d emblée considérer l histoire du KL-Natzweiler sous l angle de la population internée. Quelle que soit sa provenance – prison ou autre camp – le détenu est pris dès son arrivée au camp dans une logique administrative et comptable qui ne se relâche plus. La rigueur procédurière de la gestion SS des camps est quotidienne. Fondement et raison d être de la bureaucratie SS le comptage permanent des hommes constitue un élément essentiel du système concentrationnaire nazi. Dans les camps à Natzweiler comme ailleurs l administration SS a besoin de chiffres. Arrivées départs et transferts : il faut gérer au quotidien les fluctuations de la masse humaine. Extrêmement mobile la population détenue circule tant à l intérieur d une unité concentrationnaire – entre le camp principal et les kommandos et d un kommando à un autre – qu au sein de l ensemble du réseau des KL. Moyen pour l administration de compter cette population la tenue rigoureuse des registres d entrée et de sortie complétés par les comptes du Rapport führer à l issue des appels répétés plusieurs fois par jour est aussi utilisée dans une logique de coercition et dans un but économique – l Arbeitseinsatz a également besoin de chiffres pour remplir ses fonctions. D autres éléments renforcent cette pression administrative: la maladie et l affaiblissement physique qui rendent les détenus inaptes au travail et la mortalité font varier les chiffres et entraînent la mise à jour quotidienne des statistiques. Les chiffres sont encore destinés à d autres services qui n en tiennent pas toujours compte : les bureaux du ravitaillement et le médecin-chef du Revier peuvent (ou pourraient) s en servir comme base pour remplir leurs rôles en se confrontant aux logiques administratives et de coercition. Le résultat de cette confrontation se retrouve le plus souvent dans les statistiques du Revier et de la mortalité. Enfin les évasions ou tentatives d évasion – réelles ou non – font varier les effectifs. À chaque fois des rapports sont adressés avec un délai plus ou moins long selon l époque et l éloignement de l administration émettrice à la Kommandantur du camp principal qui les transmet ensuite à l administration centrale des camps à Oranienburg-Sachsenhäusen. Robert Steegmann Préface De Pierre Ayçoberry. Includes Bibliographical References (p. 441-)..











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