Description
Résumé :
Toulouse 1234 : un évêque catholique extorque par la ruse la profession de foi d une vieille femme cathare sur son lit de mort. Paris 1930 : à la Closerie des Lilas quelques intellectuels fantasment sur les trésors mystérieux censés avoir appartenu aux cathares exterminés au XIII siècle au cours de la croisade lancée contre eux par le pape Innocent III. Pour le plus jeune d entre eux Otto Rahn c est une révélation. Pendant deux ans ses recherches vont le conduire vers le château de Montségur qu il identifie comme «le château fort du Graal décrit dans le récit de Perceval». Ses thèses transforment cette fable locale en une mythologie européenne vouée à influencer le sommet du régime nazi.
Dans ce passionnant essai biographique qui se lit comme un roman très bien documenté Mario Baudino fait se rencontrer deux récits : l histoire médiévale méridionale et celle pétrie de mysticisme et de romantisme d Otto Rahn porte-drapeau autoproclamé des cathares devenu ensuite un intime de Himmler.
L auteur pose un regard neuf sur la sombre légende d Otto Rahn dont la mort en mars 1939 dans le froid glacial des Alpes autrichiennes reste une énigme encore jamais élucidée.
MARIO BAUDINO est né à Chiusa Pesio (près de Cuneo en Italie) en 1952 et vit à Turin où il travaille en tant que journaliste culturel à La Stampa. Il est l auteur d essais de romans (parmi lesquels on peut citer Le Sourire de la druide 1998) et de trois recueils de poèmes publiés chez Guanda : Une reine tendre et étonnante (1980) Merci (1988 Prix Montale) et Conversations avec un vieil ennemi (1999 Prix Bracanti 2000).
Il a également fait paraître aux Éditions Ponte aile Grazie Rumeurs de guerre (2001).
Extrait du livre :
Toulouse
Un jour de l été 1234 le 4 ou le 5 août à Toulouse une dame sentit que sa mort approchait. Elle demanda à ses domestiques de chercher quelqu un qui pourrait l aider dans ses derniers instants. Elle ne voulait pas de prêtre catholique mais un «parfait» le ministre du culte d une hérésie chrétienne répandue sous des formes multiples dans toute l Europe et dont les capitales du Midi de la France étaient justement Toulouse et Carcassonne. On appelait ces hérétiques «cathares» mais eux-mêmes se définissaient seulement en termes de «bons chrétiens». Ils croyaient que le monde n avait pas été conçu par le vrai Dieu mais par un mauvais démiurge inférieur à Lui que l existence était par conséquent l oeuvre du Mal et que les âmes des anges tombés du ciel transmigraient d un corps à l autre après la mort en attente du baptême qui les délivrerait. Selon eux le but final promis et prévisible de la vie humaine consistait à retrouver le Dieu bon dans une dimension spirituelle au-delà de la matière et de la Création au bout d un cycle de réincarnations. À leur sens vivre c était suivre l Évangile et ne pas se préoccuper des lois des hommes et des dogmes de l Église catholique certes leurs prêtres cherchaient la perfection à travers l exemplarité de leur vie chrétienne mais ils toléraient largement que les croyants normaux se consacrent à leurs affaires et à la vie quotidienne.
Cependant mourir était une tout autre chose. Le passage du seuil ultime n a jamais été simple pour personne et ne devait pas l être non plus pour les cathares même s ils considéraient vraisemblablement la mort comme un moyen – le seul – de s éloigner du monde diabolique de la matière de cette vie terrestre qui représentait pour eux le véritable enfer. L assistance d un ministre de son culte infusait au mourant le courage nécessaire pour affronter l instant terrible. Le parfait lui administrait la «consolation» par le biais d une simple imposition des mains un geste pouvant rappeler le sacrement catholique..
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