Description
Résumé :
À la fin du XIXe siècle une belle amitié entre deux hommes va marquer l histoire de l art en France : Émile Gallé le créateur de l École de Nancy et Roger Marx le grand critique d art défenseur des avant-gardes de l époque échangent pendant plus de vingt ans des centaines de lettres entre la métropole lorraine et Paris.
De l enthousiasme suscité par les Expositions universelles aux difficultés rencontrées pour vendre une oeuvre des soirées littéraires de l un aux sources d inspiration de l autre des dettes de l artiste-entrepreneur aux événements mondains du journaliste parisien. Émile Gallé et Roger Marx livrent par leur correspondance vive et sensible un témoignage précieux et engagé sur une époque foisonnante. Ces deux esprits universels – qui ont grandi tous deux à Nancy – dévoilent ainsi la genèse et les méandres de l Art nouveau et le fonctionnement d une société française en route vers la modernité. Plus largement ils éclairent les ressorts mystérieux de la création artistique.
Rédigées dans une langue brillante parsemées de références et de clins d oeil complices les lettres d Émile Gallé et de Roger Marx sont le reflet d un engagement commun pour l homme – notamment au moment de l affaire Dreyfus – et d un même combat pour l Art.
Françoise-Thérèse Charpentier historienne de l art créatrice et ancienne conservatrice du musée de l École de Nancy a rassemblé transcrit et annoté plus de deux cents lettres. Son travail a été complété par Georges Barbier-Ludwig et Bernard Ponton.
Extrait du livre :
Genèse d une correspondance
En 1906 un échange de lettres entre Roger Marx et Henriette Galle veuve depuis 1904 prouve combien tous deux ont apprécié très tôt l intérêt de la correspondance d Emile Galle et projeté de la publier. En 1908 les Écrits pour l Art publiés à l initiative d Henriette Galle sont la première publication de ce vaste projet que la mort a empêché de mener à son terme.
B.P.
Roger Marx à Henriette Gallé
Sans date
2 rue Béranger
Chère Madame
Je ne veux pas me borner à vous envoyer une simple carte de visite à l occasion du renouvellement de l année. Ma pensée a été si proche de la vôtre tous ces temps où j écrivais le discours que notre vieil ami de Roche a lu en mon nom à l Académie de Stanislas que je m étonnerais de donner une forme aussi conventionnelle à mon souvenir. Mon affection s est étendue toujours du maître d élection aux êtres chers qui l entouraient et mes voeux demeurent pour eux les mêmes que du temps où nous le possédions. On me demande de divers côtés à lui rendre hommage et je ne peux rien qu avec votre concours. Voudrez-vous si mon discours (dont je vais vous tenir des épreuves aussitôt que je les aurai reçues) vous agrée me mettre de côté tout ce qui pourra m aider à servir et à glorifier sa mémoire. Je crois que agissant ainsi vous vous conformerez à des intentions que le pauvre Emile m avait manifestées dans plusieurs lettres. Laissez-moi vous prier de me rappeler à ceux qui sont auprès de vous et je vous demande de trouver ici chère Madame avec mes hommages l expression de mon plus cordial dévouement.
Roger Marx
Madame Roger Marx est de moitié dans les souhaits que je vous adresse..
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