Description
Résumé : Bordeaux est la ville où est né François Mauriac la ville de son enfance celle de son adolescence. Puis le jeune homme est parti gagner les galons de la renommée à Paris et Bordeaux mise à distance a pris place dans les romans dans ses pensées lesquelles avec l’âge sont devenus des souvenirs incidemment jetés sur les pages de son Journal ou du célèbre Bloc-Notes. Le Bordeaux de Mauriac ne s’arrête pas à des contours administratifs pas plus qu’à des frontières psychologiques. La lande avec ses pins son sable apparaît déjà à Thouars aux sources du Peugue ou de l’Eau Bourde ces rivières aujourd’hui en grande partie enfouies la lande annonce les promenades en campagne autour de Saint-Symphorien et surtout les séjours à Malagar quand l’homme mûr reviendra s’occuper du domaine viticole familial. Ponctué d’extraits de textes qui restituent l’âme du récit Michel Suffran propose un parcours intime à pas feutrés et d’autant plus saisissant que ces maisons ces rues ces quartiers d’un autre siècle existent toujours : nous pouvons à notre tour les interroger du regard dans un environnement forcément modifié et alors mille détails insoupçonnés enrichissent l’observation. À l’appui du promeneur-lecteur un ensemble de documents anciens vient illustrer le passé : des photographies de famille essaimées tout au long du livre témoignent de temps heureux dont on sait pertinemment qu’ils dissimulent aussi bien de pesants secrets. Des photographies des cartes postales anciennes de ces « lieux de jadis » agrémentées de quelques vues actuelles s’ajoutent pour redonner vie aux passages de cet « adolescent d’autrefois » dans une ville qu’il a fini par aimer autant qu’il avait pu la haïr au moment de la quitter. Michel Suffran (1931-2018) a consacré sa vie à interroger comme pour tenter de les ressusciter les œuvres d’écrivains qui ont contribué à nourrir le paysage littéraire bordelais à commencer par les auteurs de la « génération perdue » dans le sillage de François Mauriac. À ce dernier il a évidemment consacré de nombreux textes sondant bien des facettes de ce personnage lui-même éminemment romanesque. Enfin Michel Suffran a habité Bordeaux comme il l’a vécue à son tour passionnément ne se lassant jamais d’en révéler les charmes du passé les incertitudes du présent s’imposant – sans jamais tomber dans le provincialisme – comme un défenseur ardent de son patrimoine et de sa mémoire. Le Bordeaux de François Mauriac c est d abord le centre ancien celui de la rue du Mirail du côté de la Grosse Cloche qui se poursuit autour de Sainte-Catherine et se prolonge au-delà des boulevards vers Caudéran et Grand-Lebrun. Ce sont les lieux de l enfance et de l adolescence les errances d une famille où le père est absent le parcours scolaire sous la coupe des marianistes. C est aussi le Bordeaux du port qu à travers les fissures du beau décor classique de la place de la Bourse et de la Façade des quais l enfant-espion observe guette humant le fleuve et ébauchant ce qui deviendra son Bordeaux intérieur celui dont il tiendra la chronique dans nombre de ses futurs romans. C est encore le Bordeaux des jalles des pins et de la lande : de Château-Lange à Gradignan au chalet maternel de Saint-Symphorien et bien sûr à Malagar que Mauriac investit à l âge de raison. Et il s agit en réalité de bien plus que cela. Au contraire d un tableau réaliste Michel Suffran retrouve un Bordeaux mauriacien habité enchanté recomposé à la lueur de l oeuvre où la description d un lieu résulte de la fusion de plusieurs. La géographie urbaine pour l infini bonheur du lecteur est métamorphosée par la puissance de la littérature..











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