La guerre civile du Congo-Brazzaville 1993-2002 Chacun aura sa part – Patrice Yengo

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Etat : Bon état

Dans leur quête démocratique les sociétés africaines francophones veillées par les partis uniques ont fait des Conférences nationales des sc …

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Description

Résumé :
Dans leur quête démocratique les sociétés africaines francophones veillées par les partis uniques ont fait des Conférences nationales des scènes de l in­vention démocratique. Mais à peine sont-elles achevées que les dictateurs chassés quelque temps auparavant reviennent et retrouvent une légitimité plus grande encore sinon jamais perdue. Après le désenchantement de la décoloni­sation voici venu celui de la démocratie dont la mise en chantier semble n avoir produit que des sociétés menacées d autodestruction.

Au Congo-Brazzaville la Conférence nationale de 1991 a ouvert la voie au pluralisme politique et aux premières consultations libres. Pascal Lissouba a succédé sans heurts à Denis Sassou-Nguesso à la tête de l État. Mais de parades militaires en coups d État successifs ce pays a sombré de 1993 à 2002 dans une longue guerre civile où chacun des principaux belligérants est soutenu par des milices armées : Bernard Kolélas par les Ninjas Sassou-Nguesso par les Cobras et le gouvernement par les Aubevillois (Cocoyes) ou Zoulous. Ces trois leaders d une même classe d âge politique se font la guerre au rythme des coalitions qu ils tissent entre eux suivant la logique du tiers exclu chaque alliance correspondant à un épisode de la guerre civile : 1993-1994 1997 puis 1998-2002.

Au milieu des morts et des «déplacés» par milliers les affaires vont bon train le pétrole coule à flots et ses dividendes alimentent les camps en guerre. Et là où paradent les miliciens fleurissent les mercenaires et les marchands d armes surgissent les prophètes. L histoire ne trouve à se singulariser que par le retour aux formes archaïques du mercenariat colonial ou aux valeurs du millénarisme. L horizon politique serait-il bouché au point de désespérer du chan­gement démocratique ? Quelles sont les raisons immédiates et profondes de cette flambée de violences qui a embrasé le pays ? Comment en est-on arrivé à ce gradient d instabilité politique qui retarde jusqu à la résorption du conflit ? Voici quelques-unes des interrogations qui courent tout le long de cet ouvrage où transparaît que la guerre civile au Congo-Brazzaville est l expression de la conflictualité entre la volonté populaire d en finir avec un ordre autoritaire et sa réhabilitation par les armes.

Patrice Yengo directeur de la revue Rupture est chercheur associé à l École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Extrait du livre :
Crise du Parti congolais du travail et réveil de la société civile

La crise qui aboutit à la Conférence nationale est le produit d une éro­sion progressive du régime de Sassou-Nguesso. Après la mort violente de Marien Ngouabi le 18 mars 1977 le pouvoir avait échu aux mains d un Comité militaire du parti (CMP) composé de 9 membres et dirigé par Yhombi-Opango. Le CMP s était distingué par la brutalité de ses méthodes qui avaient polarisé ethniquement la société déjà traumatisée par les meurtres dont ceux de Marien Ngouabi du cardinal Emile Biayenda et du président Massamba-Débat. De plus sur le plan écono­mique les performances étaient catastrophiques et les salaires accusaient des retards de plus en plus longs. Cette période était dite du VDA trois lettres qui signifiaient «Vivre durement aujourd hui». La création du Comité militaire était une entrave à l activité du parti qui avait été totale­ment marginalisé par la militarisation du pouvoir. Seul à s occuper du parti au sein de ce comité Sassou-Nguesso allait reprendre l initiative en se faisant le capteur de toutes les récriminations de la base mais aussi de toute la bureaucratie administrative et syndicale de segments de l armée que les méthodes du CMP exaspéraient car elles contribuaient à alimenter le rejet des forces armées dans la population. Son coup d État devait intervenir le 5 février 1979.
Sassou-Nguesso bénéficie ensuite d une conjoncture économique favo­rable tirant des revenus croissants de l extraction pétrolière. La découverte de nouveaux gisements l augmentation de la production pétrolière et du prix du brut doublent les performances de la compagnie Elf et occasionnent une manne pétrolière dont les retombées permettent la stabilisation de la classe dirigeante. De cette période date l élaboration d un programme ambitieux de développement appelé «premier plan quinquennal 1982-1984» dont les objectifs déclarés sont le désenclavement de l arrière-pays grâce à une infrastructure moderne la priorisation de l agriculture dans le développement et le lancement d une «industrie industrialisante»..

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