Description
Résumé :
On n honore pas assez la vérité si on la laisse à la simple méditation solitaire : elle est trop savoureuse pour n être pas offerte et elle n a pas à craindre l épreuve de la communication. La parole marquée de la limpidité du vrai s atteste elle-même. Mais cela n implique-t-il pas l unicité de la parole qui dit vrai au moins pour la question qui l occupe ? Dans la recherche de la vérité la diversité des langues peut-elle être autre chose qu un malheureux accident de parcours le châtiment peut-être de quelque faute pour laquelle l humanité a suffisamment payé pour pouvoir espérer une remise de peine ? C est là une des façons dont le récit biblique de Babel a bien souvent été entendu dans une des sources de la pensée occidentale. Et pourtant est-il tellement sûr qu une langue unique aurait mieux honoré la vérité ? Les longs chemins dont il faut déchiffrer les traces et qui multiplient les compagnonnages nourrissent le désir du terme. Si la diversité des langues et la confusion qu elle entraîne d abord est un mal il se peut que ce soit un mal moindre que celui de la langue unique. Peut-être même pourra-t-elle se révéler riche en fruits : comme bénédiction. C est dans cette direction qu allait Kant lorsqu il ouvrait la Méthodologie de la Critique de la raison pure par une reprise du récit de Babel en demandant de renoncer à s installer dans la tour prétentieuse celle de la métaphysique dogmatique qui ne pouvait conduire qu à la confusion et de se remettre en marche à partir de la modeste maison bâtie au champ de l expérience pour continuer patiemment le progrès du savoir. C est une façon d énoncer le projet critique en son entier si bien qu une image prise de la Bible se laisse repérer dans les couches profondes d une des œuvres fondatrices de la pensée contemporaine..
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