Description
Résumé :
LA DEDICACE DE L AUTEUR : Je suis parti d un constat et de l interrogation que ce dernier soulevait : contrairement à la plupart des autres pays européens réagissant aux menaces suscitées par l épidémie de sida et la dégradation de la situation sociale de beaucoup de toxicomanes (à l héroïne principalement) la France a longtemps tardé à mettre en place une politique publique palliative de soins aux usagers de drogues appelée politique de réduction des risques et s appuyant entre autre chose sur une distribution extensive des produits de substitution comme la méthadone. Jusque dans les années 94-95 la politique publique française en la matière privilégiait en effet les interventions curatives dans le cadre d un objectif général d abstinence. Comment expliquer cette situation singulière ? A partir d une vaste enquête historique et d interviews auprès des principaux protagonistes de l histoire que je voulais reconstruire j ai cherché à comprendre comment les milieux spécialisés concernés – les spécialistes de la drogue – mais aussi l Etat français avaient pu refuser aussi longtemps et quasi unanimement une politique (palliative) et un outil (la méthadone) présentés dans la plupart des autres pays occidentaux comme indispensables pour la prise en charge de nombreux toxicomanes je voulais savoir pourquoi les acteurs français en charge du dossier dans leur très grande majorité n avaient pas considéré souhaitable à la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix contrairement à leurs voisins européens de renoncer à une politique curative qui fait de l abstinence son horizon thérapeutique principal. Partant de l hypothèse que la situation des drogues en France n était pas foncièrement différente de celles des autres pays occidentaux je me suis attaché à montrer comment s est constitué diffusé puis finalement institutionnalisé un corpus de croyances resté longtemps peu favorable à la mise en place d une politique palliative et à l introduction des produits de substitution. Je montre en effet comment certains professionnels du soin mais aussi certains segments de l administration ont pu à la faveur fortuite de ce que l on peut appeler le consensus répressif français installer une expertise professionnelle singulière comme guide dominant de la politique publique et pourquoi les fondements de celle-ci n ont presque jamais été contestés. Je souligne le rôle actif de l Etat dans ce processus d institutionnalisation et d homogénéisation de l expertise et des réponses thérapeutiques sur le territoire national. Finalement il me semble que ce livre met en question le fonctionnement de l Etat français qui octroie sur bien des sujets (amiante nucléaire etc.) et dans le cadre d idéaux normatifs très forts une place dominante à des groupes d experts particuliers. (Henri Bergeron docteur en sociologie chargé de recherches au Centre de Sociologie des Organisation (CNRS) enseignant à l Université de Paris XI Paris I et à l IEP de Rennes).
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