Description
Résumé :
De 2003 à 2006 l Afrique a évolué.
Certaines guerres se sont enfin terminées telles que celles de la République Démocratique du Congo du Sud-Soudan et du Burundi. Des élections libres ont même eu lieu au Congo et au Burundi. D autres conflits tel que celui du nord de l Ouganda semblent être en passe de s achever. Cependant alors que ces laborieux processus suivaient leurs cours chaotiques combien de tragédies combien de drames se sont encore déroulés souvent dans la plus grande indifférence de la communauté internationale !
L auteur de cet ouvrage est depuis des années un observateur privilégié du continent africain. Au jour le jour sur le terrain il a rédigé des chroniques. Ce sont ces chroniques qu il livre aujourd hui au public celles d un spectateur – et souvent même d un acteur – engagé. Le courage d humbles héros méconnus et les turpitudes de chefs de guerre dont certains aspirent à la légitimité du suffrage universel y sont abondamment décrits. L histoire tragique des fillettes accusées de sorcellerie et celle des enfants emprisonnés y sont racontées. Des pages d Histoire cruelles mais controversées telles que celles du génocide rwandais y sont relues.
Des profils de personnalités peu connues du grand public y sont tracés : Joseph Kabila surtout le jeune chef d État congolais que l auteur a pu rencontrer. Mais aussi John Garang le guérillero soudanais doyen des rebelles africains Joseph Kony. le mystérieux et terrifiant chef de 1«Armée de Résistance du Seigneur» du Nord de l Ouganda. Les grands problèmes du moment y sont également abordés : la démocratie en Afrique la faim dans le monde l immigration clandestine vers l Europe le rôle souvent ambigu des grandes puissances et des organisations internationales.
Un livre pour mieux comprendre le grand continent africain.
Hervé CHEUZEVILLE est né en i960 en France. Diplômé de langues et civilisations orientales il a effectué de nombreuses missions humanitaires en Asie du Sud-Est puis en Afrique où il vit depuis 17 années.
Extrait du livre :
Chronique n° 2 (décembre 2003)
LETTRE OUVERTE AUX «SEIGNEURS DE LA GUERRE» DE L ITURI
Cher Thomas cher Germain cher Floribert cher Jérôme cher Yves et tous les autres…
Comme je l ai écrit dans ma précédente chronique une faible lueur d espoir de paix brille à l horizon. Le peuple congolais épuisé et désespéré par sept années de guerres et de malheurs sans nom s est repris à espérer. Certes la route sera encore longue avant que l on parvienne à une paix durable et elle sera à n en pas douter chaotique. Mais la RDC et ses dirigeants devront malgré tout l emprunter car il n en existe pas d autres.
La bonne volonté et le concours de toutes et de tous seront nécessaires afin d atteindre la destination finale. C est pourquoi je m adresse aujourd hui à vous. L Ituri continue à être l enfant malade de la RDC. Il ne pourra y avoir de paix durable au Congo si l un de ses enfants ne parvient pas à guérir.
Plus que d autres parties du Congo l Ituri a souffert atrocement. Des dizaines de milliers de morts des centaines de milliers de personnes déplacées qui ont dû tout abandonner et prendre la route de l exode afin de pouvoir survivre des milliers d enfants recrutés de gré ou de force dans vos «armées» et traumatisés à vie des écoles et des hôpitaux pillés détruits et surtout le poison de la haine qui s est insinué jusqu au fond des coeurs : tel est le noir tableau que l on peut dresser de la situation actuelle dans cette belle région qu est l Ituri.
Ne croyez-vous pas Messieurs les seigneurs de la guerre qu il est plus que temps d arrêter qu une chance doit être donnée à la paix ? Oui je sais que vous n avez pas obtenu les postes que vous convoitiez dans le cadre de la transition en cours. Je sais bien que d autres seigneurs de la guerre venant d autres régions du pays sont aujourd hui à Kinshasa et y occupent des postes importants. «Pourquoi pas moi ?» vous demandez-vous. Peut-être que vos «collègues» du Kivu de l Equateur ou d ailleurs ont eu l intelligence de sauter dans le train de la paix à temps. Peut-être aussi ont-ils eu la sagesse de ne pas fractionner à l infini leurs mouvements «rebelles» comme vous avez si bien su le faire en Ituri sans vous apercevoir que vous réduisiez d autant votre soi-disant représentativité.
Oui Messieurs les seigneurs de la guerre il est plus que temps de rendre les armes et d essayer de sauver ce qui peut encore l être en endossant le costume d homme politique responsable au lieu de celui de pyromane. Rendez vos enfants soldats à leur famille et aidez-les à reprendre le chemin de l école ou du centre professionnel. Commencez à prêcher la paix et la réconciliation au lieu de distiller la haine comme vous l avez fait pendant tant d années. Et surtout cessez de tromper les populations que vous prétendez représenter en leur faisant croire que vous luttez pour les défendre et que «l autre» est l ennemi. Ayez l humilité de reconnaître que vous aussi avez été trompés. Trompés par des parrains de mafias locales trompés par des militaires de pays voisins qui tous vous ont manipulés afin que vous serviez au mieux leurs intérêts égoïstes. Et surtout soyez assez humbles pour demander pardon. Pardon aux membres des autres ethnies que vous avez massacrées au nom de la vôtre pardon aux veuves et aux orphelins pardon à votre propre communauté qui a eu à subir les conséquences de vos actes….
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