Description
Résumé :
La crise du coronavirus n est ni une simple parenthèse avant un retour à l identique ni le bouleversement absolu marquant la fin de notre civilisation qu annoncent les collapsologues. A la notion d effondrement qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d avance on opposera celle de basculements qui permet de pluraliser les scénarios et de faire place à l imprévisibilité croissante d une période de crise généralisée.
Il n y a pas de mouvement inéluctable et fatal mais des possibilités à la fois amplifiées et incertaines de déplacements telluriques combinant temps long des poussées et accélérations soudaines de l événement. Et s il convient de dresser l analyse des tendances que la crise du coronavirus accentue des tensions qu elle exacerbe comme des revirements qu elle amorce il faut aussi radicaliser l ouverture des possibles qu elle induit afin de se hisser à la hauteur de la puissance d avertissement de la présente situation.
Si la Covid-19 nous fait entrer pleinement dans le siècle des catastrophes engendrées par le productivisme compulsif et destructeur du capitalisme nous devons être capables de penser des basculements sociétaux et civilisationnels engageant des manières de vivre qui échappent aux logiques fondamentales du système-monde capitaliste. Que peut être un agencement de la production qui renonce à la centralité des déterminations économiques et admette pour seul souci le bien vivre de toutes et tous ? Que peut être une autre politique qui déjoue l institutionnalisation étatique pour privilégier l autogouvernement populaire et assume une relocalisation communale sans pour autant laisser prise à l enfermement localiste ou identitaire ? Que peut-être une nouvelle architecture des mondes multiples qui cesse d extraire l espèce humaine des interdépendances du vivant et assume notre appartenance à la communauté des habitants de la Terre sans pour autant dissoudre entièrement la notion d humanité ? Et par quels chemins faire croître de tels possibles éminemment désirables et déjà émergents ?
À la notion d effondrement qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d avance on opposera celle de basculements qui permet de faire place à l imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique. Des basculements se produiront en effet à relativement court terme sur fond d une crise systémique du capitalisme certes produite par les contradictions environnementales qui ravagent la planète mais aussi par des tensions internes entre un capitalisme fossile et un capitalisme techno- écologique . Sur cette base analytique le livre esquisse plusieurs scénarios tous parfaitement vraisemblables à ce stade.
Il en est un sur lequel il attire particulièrement notre attention : celui d une ouverture des possibles synonyme de basculements sociétaux et civilisationnels considérables qui nous engageraient vers des manières de vivre échappant aux logiques du système-monde capitaliste. Et nous placeraient face à des questions fondamentales : que peut être un agencement de la production qui renonce à la centralité des déterminations économiques ? Que peut être une politique qui privilégie l autogouvernement populaire et assume une relocalisation communale ? Comment nouer de nouvelles relations aux non-humains qui cessent de nous extraire des interdépendances du vivant sans pour autant dissoudre entièrement la notion d humanité ? Et par quels chemins faire croître de tels possibles ?
Autant de questions auxquelles Jérôme Baschet – avec une érudition une clarté et une liberté de pensée exceptionnelles – esquisse des réponses aussi plausibles et documentées qu éminemment désirables..
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